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Restitution temporaire

© Mezli Vega & Cristóbal Bouey

Arenc

jeudi 10 novembre · 18h-21h
vendredi 11 & samedi 12 novembre · 17h30-20h
ateliers vian · dos mares · 5 rue vian 13006 Marseille

«L’embouchure est un point névralgique du fonctionnement d’un cours d’eau, c’est une porte ouverte entre deux mondes, l’eau douce et l’eau salée, que les espèces franchissent depuis la nuit des temps. Noyée dans les méandres urbains (métro, parking…), canalisée, busée, l’embouchure ne peut plus assurer son rôle de passeuse, la circulation des espèces en est gravement entravée.»
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– Collectif des Gammares, 2022.

Le projet Arenc questionne la représentation du paysage urbain en posant d’emblée la relation entre progrès et habitat. Il s’interroge notamment sur le programme de rénovation urbaine « Parc habité d’Arenc », situé à l’embouchure du Ruisseau des Aygalades-Caravelle, au nord de Marseille. Cette rénovation a l’ambition de créer un quartier résidentiel de 2000 logements « sans perturber la relation à la nature1». Cependant, la restauration de l’embouchure du fleuve, qui traverse le quartier, reste à l’abandon2. Selon Julie de Muer3, cette embouchure, historiquement négligée par des enjeux économiques et politiques, avance «vers sa disparition physique et son oubli dans l’imaginaire collectif comme dans la gestion urbaine4. ».
Il s’agit pour nous de donner une nouvelle visibilité au ruisseau et repositionner l’embouchure par rapport à la ville. Nous souhaitons confronter le récit et les représentations visuelles de ce projet urbain de rénovation, notamment par le biais d’une série de dispositifs et d’actions permettant de repenser la place de la nature dans ce territoire en chantier.

Le projet Arenc se constitue d’une série d’explorations, d’actions in-situ; d’expositions entre l’espace Dos Mares et le quartier Arenc. Pour la première restitution à Dos Mares, les artistes et chercheur.eses présenteront une installation-vitrine, composée de vidéos et de photographies.

Au travers de plans fixes qui s’enchaînent l’un après l’autre, la première vidéo montre différents espaces publics et privés dans les environs de l’embouchure du Ruisseau des Aygalades-Caravelle. Ces espaces vides de toute présence humaine rendent compte d’une zone en train de s’adapter aux promesses d’un « meilleur avenir » à la manière des images d’architecture réalisées en 3-D créées pour vendre un projet immobilier.

La deuxième vidéo met en évidence une action filmée dans le ruisseau. L’action consiste à submerger un rouleau de papier-peint pendant quelques heures afin de collecter les empreintes de l’eau et des résidus entraînés par le courant.
Ce ruisseau charrie une forte circulation de déchets et de sels de métaux issus des usines voisines.

Parallèlement Vega et Bouey ont recomposé des images utilisant l’intelligence artificielle. Au travers d’algorithmes, d’images issues d’une banque de données et de photographies numériques, cette série reconstruit un paysage urbain fictif. Ces représentations proposent paradoxalement un paysage plus « vert » que celui inscrit dans les photographies affichées dans la communication du programme de rénovation urbaine Euroméditerranée II.


1 Le journal d’Euroméditerranée, Número spécial Expo Arenc : Le Parc Habité : https://fr.calameo.com/read/0045499397416cec22e7e
2 « L’embouchure, aujourd’hui, est un complexe de tunnels en aval d’un système de dégrilleurs (sorte de grilles qui piègent les macro-déchets) [..] effacée, complètement artificialisée alors que c’est elle la clé de voûte assurant la continuité écologique entre ruisseau et mer, et qui permet à cette trame bleue qu’est le fleuve d’être un trait d’union entre les écosystèmes terrestres et maritimes ». Collectif des Gammares, in La Fête du ruisseau n.2, 2022
3 Écrivaine et activiste résident à Marseille
4 Julie de Muer, Remonter le courant in La Gazette du ruisseau n.1, 2020

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