Vivien Ayroles
15 mars – 15 avril 2022
Workshop : 4 – 8 avril 2022, Valparaíso.
Conversation : 8 avril 2022 – 19h. Casa Espacio, Buenos Aires 824, Valparaíso.
Dans le cadre de la collaboration annuelle entre Dos Mares et Casa Espacio – Festival Internacional de Fotografía de Valparaíso, Vivien Ayroles est actuellement accueilli en résidence au Chili.
Le travail de Vivien Ayroles s’inscrit dans une recherche sur le paysage et les territoires à travers la pratique de la marche. Il aborde la frontière, le passage, l’alteration des paysages et comment la géographie des lieux et l’histoire associée structurent le territoire.
Vivien Ayroles propose un workshop interdisciplinaire du 4 au 8 avril à Valparaíso. Une conversation ouverte au public est prévue vendredi 8 avril à 19h à Casa Espacio, Buenos Aires 824, Valparaíso.
Pour suivre les avancées de sa résidence, accédez au livret de résidence.
Résidence soutenue par l’Institut français Paris, la Ville de Marseille, la Direction Régionale des Affaires Culturelles P.A.C.A., l’Institut français Chili et le Ministère des Cultures, des Arts et du Patrimoine du Chili.
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Ma démarche artistique s’inscrit dans un processus photographique de recherches sur le paysage, et notamment l’espace méditerranéen, qui se composent d’un corpus d’images, certaines regroupées en séries, d’autres dans une forme plus souple, proche de l’archive et de la recherche.
Mon processus créatif est généralement solitaire et se développe dans la découverte du paysage et des territoires par la marche. Cette pratique de la marche, pour appréhender des lieux particuliers est très importante pour moi. Aussi le processus de création photographique devient-il une forme de «dépaysement» (à la suite de J.-C. Bailly), c’est-à-dire être amené à explorer un territoire, jusqu’à des terrains plus éloignés ou toujours proche, pour développer une sensibilité du regard dans un lieu nouveau et une sensibilité à la répétition des formes. Répétition qui cache bien souvent des modifications en profondeur d’un état du paysage. En étudiant les plans et les cartes, une physionomie du territoire et de ses usages se recompose et se superpose.
Ma photographie naît ainsi essentiellement d’une forme d’arpentage du territoire, mes images sont la mesure subjective de mon expérience et dressent une nouvelle carte intime des lieux avec ce que cela comporte d’oubli, de déni et de choix.
Accompagné par La jalousie de Robbe-Grillet, j’entends par l’observation rigoureuse des répétitions des formes, trouver la possibilité d’un éloignement poétique qui nous amène dans un espace photographique plus grand que le paysage même : « Sans doute est-ce toujours le même poème qui continue. Si parfois les thèmes s’estompent, c’est pour revenir un peu plus tard, affermis, à peu de chose près identiques. Cependant, ces répétitions, ces infimes variantes, ces coupures, ces retours en arrière, peuvent donner lieu à des modifications – bien qu’à peine sensibles – entraînant à la longue fort loin du point de départ »
Je m’intéresse au lieu de la frontière et du passage. Lieux d’échanges culturels, facteur d’isolation et d’ouverture sur l’autre, halte pour le voyageur, refuge. La géographie des lieux et l’histoire associée est importante dans la structuration du territoire. La singularité de ces paysages que j’arpente en marcheur viennent confronter histoire ancienne et l’actualité d’un territoire, dans une vision tant topographique que poétique ou encore sociale.
L’altération des paysages est un phénomène qui me tient à cœur mais n’a pas vraiment été au centre de mon travail : les espaces de forte sensibilité à l’érosion et aux phénomènes qui l’accentuent. Diriger mon regard vers ces roches, les sillons creusés par l’eau et les alluvions, mais aussi les adaptations des végétaux aux conditions rigoureuses de ces territoires. Par exemple remonter à la source d’une rivière est comme une remontée dans le temps à travers l’érosion. Galets, sables, pierres cassées. Les traces des glaciers qui ont formé une vallée. L’idée des forces est présent dans plusieurs de mes travaux, ici celles du torrent, du gel, de la sécheresse, là les tremblements de terre, les glissements de terrain, les incendies. L’image des chaos, des cassures, des cicatrices laissés par le temps sur la matière dite inerte mais qui garde finalement la mémoire du temps dans ses plus infimes changements est au centre de ma recherche sur le paysage.
Ce travail sur l’inerte vient pour moi en contrepoint et en complément du travail sur les formes d’habitat et le double mouvement de modification du paysage par l’homme et d’adaptation de l’homme au paysage.